La troisième édition de « S’asseoir ensemble » organisée dans le cadre de La Fontaine aux Religions, après les sessions de novembre 2018 et de mai 2019, a rencontré un vif succès.
Dédiée à « l’ouverture à l’autre », elle a rassemblé plus d’une cinquantaine de participants et, pour la première fois, pas moins de six croyances et sensibilités : non religieuse, catholique, musulmane, bouddhiste, protestante, juive. Le nombre de sensibilités présentes rendait cet évènement exceptionnel.
Isabelle Rambaud-Carassus
Le premier temps de méditation s’inspire des principes de la méditation de pleine conscience. Cette approche, laïque, met l’accent sur le développement de la qualité de présence à ce qui est là, présent dans l’instant. Les participants sont ainsi accompagnés dans une exploration de la présence de leur corps, de leur respiration, de leurs pensées puis invités à ressentir la présence des autres et à visualiser les liens qui unissent chacun à tous.
Thérèse de Villette, religieuse xavière
En rejoignant au cœur de notre être Celui que nous appelons l’Amour et qui nous attire à plus, nous nous rendons présents par l’exercice de nos sens intérieurs à cette scène racontée par Luc ch7, V 36-50. Jésus est invité à un repas chez Simon. Sentir le parfum répandu par une femme qui pleure sur les pieds de Jésus, voir les personnes, les échanges de regards entre Simon et Jésus, Jésus et la femme qui pleure, les gestes des convives choqués, entendre résonner les paroles telle que « Il lui sera beaucoup pardonné parce qu’elle a beaucoup aimé ». Nous laisser toucher par une chose et la garder en nous comme un trésor.
Abdelkader Al Andalussy Oukrid
Le principe de “ l’ouverture à l’autre ” dans la spiritualité musulmane est présent selon de multiples aspects dans le Coran, les exégèses, la tradition prophétique et la mystique. Quelques éléments en ont été partagés pendant la méditation. La relation passe par le respect de l’autre, lequel commence par l’estime de soi. Ainsi la rencontre et les liens qui en découlent seront possibles dans l’apaisement et la fraternité. La joie de la solidarité étant aussi un aspect du lien intime à Dieu. Deux temps d’introspection ont également été proposés. Le premier autour de la relation à soi, dans un chemin initiatique personnel, pour consolider la stabilité intérieure, permettant par la suite l’entre-connaissance dans la sérénité. Le second autour de la relation à autrui, dans le désintéressement, afin de construire ensemble un lien nourri par l’amour inconditionnel. Ces étapes sont accompagnées du désir de questionnement sincère et d’effort sur soi.
Vénérable Elisabeth Drukier
S’ouvrir à l’autre relève souvent des bonnes intentions : nous avons tous des à priori, des réticences qui nous bloquent au dernier moment. Pourtant, si l’on veut véritablement se transformer en profondeur, il faut surmonter ces obstacles. Le tonglen, pratique de méditation bouddhiste, pratique du donner et recevoir se sert du va et vient du souffle .On absorbe en inspirant la souffrance des êtres pour le restituer par l’expir sous forme d’amour et de compassion ce qui permet de dépasser nos peurs et de développer notre capacité d’acceptation des événements extérieurs.
Pasteur Guy Balestier
Sur le thème « L’ouverture à l’autre », le but de ma méditation est d’être présent à tout son être à travers son corps et d’être présent à la présence de l’Esprit de vie, l’Esprit de Dieu qui est en chaque être. L’Esprit, à travers le refus de Jésus de punir ceux qui ne l’accueillent pas (Luc 9, 51-54), nous aide à acquérir la confiance et la stabilité intérieure, force pour rester ouvert malgré tout. De même, à travers la découverte de l’impartialité de Dieu (Actes 10-11), l’Esprit renforce notre volonté intérieure d’agir en enfants de Dieu, d’être déterminés à être concrètement ouvert à chacun. Le fait d’être sereinement ouvert à l’autre permet de goûter, de savourer une profonde joie intérieure.
David Szulman
Ma méditation invite à focaliser notre attention – via la prière hébraïque du « Shema » – sur les éléments suivants :
– la disponibilité/le retrait de l’égo/l’humilité nécessaire pour l’accès au spirituel,
– l’unité du Divin/la notion de cause première,
– le paradoxe du néant/de la totalité dans l’appellation du Divin.
Entre chaque séquence, Albane Beugnon, flutiste, marque une transition particulièrement bienvenue avec des extraits d’une sonate de Poulenc, de variations de Mercadante, de l’Arlésienne de Bizet, de la Flûte enchantée de Mozart et du Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy.
L’assistance se réunit ensuite en petits groupes pour échanger sur le vécu des séquences de méditation par les participants.
Puis le débat a lieu avec les accompagnateurs.
Les participants sont très sensibles à cet exercice original de méditation collective selon des traditions et sensibilités si différentes.
Tout prosélytisme est exclu. L’objectif n’est pas non plus d’aboutir à un syncrétisme, une sorte de synthèse entre les croyances évoquées.
Non, se produit la rencontre entre l’intimité de chaque participant et l’approche à la fois collective et diversifiée de l’ouverture à l’autre. Estime de soi et respect de l’autre sont profondément liés.
L’évènement se conclut par un buffet végétarien offert par la communauté tamoule mue par une septième sensibilité, la tradition hindouiste.
Un bel après-midi, ma foi.
Très beaux souvenirs d’une après-midi, hors du temps.
Toutes ces sensibilités et ces approches différentes mais jamais opposées me font croire et espérer qu’il peut exister des rapprochements inter-religieux et que le principe de tolérance et d’altérité sont bien vivants lors de ces moments de grâce.
Merci aux organisateurs d’avoir rendu cela possible.